La peau du mort : enveloppes, écrans, ectoplasmes
Résumé
Selon une approche dite « morphologique » (courant illustré notamment par Carlo Ginsburg, Georges Didi-Huberman), l’auteur souligne ici de suivre les variations d’une même forme qui vient hanter l’histoire de la mort en Occident. Corps de lumière du Christ ressuscité, fantômes dont les voiles dressés sont pourtant vides, âmes que les peintres figurent comme des enfants en chemisette enserrés dans les bras des anges, silhouettes diaphanes des revenants que les spirites contemporains guettent à travers leurs écrans de télévision : l’iconographie de l’après-mort témoigne de la façon dont la tradition chrétienne pose la question d’une trace matérielle des corps disparus, et exprime également la difficulté à se représenter ce qui reste des vivants. L’auteur met en perspective ces images. Elles manifestent un même travail psychique de cicatrisation : celui des endeuillés sécrétant à leur insu une sorte de « peau commune » qui les relierait aux absents. Ainsi naissent ces enveloppes symboliques, qui rendent la mort acceptable en tissant des formes de « vie » intermédiaire.
Mots-clés
- peau
- stigmate
- ectoplasme
- mort
- apparition