Géographie et anthropologie : une rencontre nécessaire (xviiie-xixe siècle)
Résumé
Malgré les partages disciplinaires tardifs, géographie et ethnologie sont longtemps apparues comme des sciences complémentaires et presque interchangeables. La terre et l’homme font partie du même système. Dans l’anthropologie des Lumières, la « théorie des climats » fixa les représentations dominantes du rapport de détermination réciproque entre circonstances physiques et « genre de vie ». L’idée d’immanence de l’homme au monde s’approfondit au siècle suivant. Dans la perspective du géographe Humboldt, les questions de distribution spatiale des espèces reportent l’attention des naturalistes sur les « harmonies » locales qui font de chaque contrée un « centre de création ». L’étude de ces adaptations mutuelles révèle un « inter-domaine » qu’on pourrait appeler « géographie de l’homme ». La tradition s’en est perdue avec l’ouverture du débat « transformiste ». Mais la géographie de Vidal de La Blache lui reste redevable quant à la théorie de l’« œcoumène » (i.e. ce qu’on nomme maintenant « environnement ») et aux concepts mobilisés pour penser l’économie de la nature. Ce sont les parcours croisés et institutionnels de ces deux sciences « jumelles » qui sont ici analysés.
Mots-clés
- histoire de la géographie
- naturalisme
- biogéographie
- climats
- « races »