Une rue du nord de Londres et ses magasins : imaginaire et usages
Résumé
L’auteur s’interroge sur la façon de penser une rue et ses commerces dans le Londres cosmopolite d’aujourd’hui. Il privilégie l’« ordinaire » par rapport au « particulier » ; cela le conduit à choisir comme terrain d’étude une rue la plus « quelconque » possible, avec pour paradigme ce qu’il nomme « empirisme radical ». Contre toute attente, seuls deux petits commerces, le coiffeur et le quincaillier, parviennent à donner du « sens à la rue », c’est-à-dire à devenir un lieu de sociabilité intense. Le reste des boutiques est en déclin. Les habitants des couches populaires ne s’identifient pas à ces magasins qui restent, à leurs yeux, trop chers. Ils aspirent à consommer dans les supermarchés plus éloignés géographiquement et socialement. Les classes moyennes ne fréquentent pas régulièrement les petits commerces. Pourtant, elles les défendent comme services de proximité pour les classes plus modestes. Elles préfèrent se rendre dans les boutiques sélectes de galeries commerçantes plus huppées. Elles y trouvent un décor victorien qui suscite de la nostalgie, à partir de laquelle elles construisent un imaginaire. L’auteur analyse cet imaginaire comme un mythe – au sens anthropologique – c’est-à-dire un récit susceptible de résoudre des contradictions idéologiques. Ce récit est aussi une esthétique urbaine qu’il est nécessaire d’étudier pour comprendre le « sens de la ville ».
Mots-clés
- Londres
- boutiques
- rue
- empirisme
- imaginaire