Cet article s’intéresse à la création des trois musées nationaux d’Athènes, dans le contexte particulier d’émergence d’une identité nationale néo-hellénique. Ces musées – le Musée archéologique national, le Musée byzantin et chrétien et le musée d’Art populaire grec – sont abordés ici en tant qu’institutions relayant le projet national. Ils ont été chargés d’élaborer et de diffuser la continuité historique de la nation, de l’Antiquité aux Temps modernes, et son unicité. C’est dans ce contexte que les musées nationaux utiliseront les sciences (archéologie, histoire et laographie, ou folklore grec) pour renforcer leur objectif. La politique de chacun d’eux illustre parfaitement la volonté nationale d’occulter les questions de discontinuité et d’altérité. Les auteurs ont pris soin de faire figurer, en fin d’article, les résultats d’une enquête effectuée auprès d’un échantillon de visiteurs, sur la manière dont ils perçoivent ces trois musées.