L'envie, moteur de l'imitation

Réflexivité
Par Alexandra Bakalaki
Français

Résumé

Les anthropologues en général et les ethnographes de Grèce ont postulé que la construction de l’identité culturelle est avant tout un processus culturel. En conséquence, ils ont porté peu d’intérêt aux stratégies et pratiques mises en œuvre par les gens pour exprimer leur ressemblance entre eux-mêmes et les autres, qu’ils soient, dans la société, leurs inférieurs ou leurs supérieurs. L’auteur s’appuie, d’une part, sur des exemples tirés à la fois de ses propres terrains de recherche et de ceux d’autres ethnographes de la Grèce contemporaine ; d’autre part, sur des études historiques de la Grèce du xixe siècle. Ce corpus tend à prouver que le désir de s’élever vers une vie meilleure (opulence, réputation, position sociale et autorité) est inhérent à la « nature humaine ». Imiter les manières des « supérieurs » et se projeter vers les « inférieurs » est le fait d’un même désir qui se trouve ainsi à la fois « naturalisé » et légitimé. Désir et processus mimétique deviennent le moyen d’éclairer les inégalités sociales et les pratiques d’exclusion qu’ils génèrent et cherchent en même temps à dépasser. Le fait de réaliser que les frontières entre catégories sociales à l’intérieur desquelles les gens se placent eux-mêmes et placent les autres sont fluides et négociables, conduit à reconsidérer la notion de contexte social qui se référait plutôt à des catégories spatio-temporelles.

Mots-clés

  • Grèce
  • mimesis
  • modernisation
  • occidentalisation
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