Une censure intériorisée ?

De la censure à l'autocensure : Seuils de tolérance
Les premières images des attentats du 11 septembre 2001
Par Christian Delage
Français

Résumé

Société du spectacle, ère du tout-information, non-respect de l’intimité des personnes : il est désormais d’usage de se plaindre de la place trop envahissante prise par les médias, en particulier audiovisuels et de s’interroger sur l’éthique de la profession. Il est vrai que ce sont plutôt les faits tragiques, le surgissement d’une violence meurtrière, l’atteinte à la vie des individus qui aiguisent l’appétit des journalistes, certains de répondre à une attente du public. Pourtant, lors des attentats commis à New York le 11 septembre 2001, pratiquement aucune image n’a été prise – en tout cas diffusée – des victimes. Certains ont cru pouvoir attribuer cette absence à une censure d’État. Or, ce jour-là, le président des États-Unis, loin de la Maison-Blanche, a dû patienter de longues heures avant de rejoindre la capitale fédérale. Pendant toute la journée, il a pris la mesure de l’événement par le biais des écrans de télévision disposés ici ou là sur son trajet. L’auteur s’interroge sur la nécessité ou non de se confronter à des images terribles pour être informé en temps réel du bilan matériel et humain d’un acte de terreur, en retraçant le déroulement de la journée du président Bush le 11 septembre 2001 et la manière dont les premiers témoins ont – comme les frères Naudet, deux jeunes réalisateurs français parmi les premiers présents sur les lieux – refusé de filmer les cadavres jonchant le sol des deux tours du World Trade Center.

Mots-clés

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  • actualité
  • temps réel
  • atrocité
  • autocensure
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