Si l’anthropologie urbaine est largement représentée en Europe et aux États-Unis, en revanche, en Hongrie, elle en est à ses balbutiements. Dans ce contexte, l’auteur étudie la gare de l’Est (Keleti) à Budapest, dans une perspective historique et sociologique. Il en décrit l’utilisation sociale et symbolique par les usagers, et cherche aussi à saisir la place du réseau ferroviaire et les conséquences de son expansion dans l’aménagement du territoire. Le développement urbain au cours du xix^e siècle a fait de Keleti une « porte ouverte » sur la ville et ses coulisses. Espace devenu multifonctionnel, la gare s’est progressivement vue dotée de services (accueil, billetterie) et de commerces (restaurant, presse) ouverts quasiment jour et nuit. C’est dans cette agora d’un nouveau type que se croisent quotidiennement travailleurs immigrés, banlieusards, touristes, gens de la ville, marginaux aussi bien qu’étrangers et autochtones. Dans le cadre du projet de sa rénovation, il devient patent, pour l’auteur, que les études des seuls urbanistes ne suffisent plus, la complexité du tissu social nécessitant de s’adjoindre les compétences des sciences sociales.