La Hongrie n’a jamais été un grand empire colonial. Pour les plus larges couches de la population hongroise, les lointaines contrées étaient inaccessibles, et l’expérience directe se limitait à quelques cas individuels. Dans cet article, l’auteure observe le rôle joué par la photographie dans la découverte, pour les Hongrois, des mondes exotiques, de la deuxième moitié du xix^e siècle à la première décennie du xx^e siècle. Elle analyse les différents comportements et réflexions du photographe, et, surtout, l’attitude du spectateur face à l’image. À travers le prisme de l’anthropologie visuelle, elle expose deux formes d’exploitation de l’image : soit le spectateur se forge sa propre conception du monde exotique en s’appuyant sur des connaissances préalablement acquises, soit il le fait à partir des informations délivrées par l’image.