Datchas et mémoires familiales en Biélorussie
Résumé
S’appuyant sur des matériaux recueillis en Biélorussie entre 1999 et 2003, cet article cherche à saisir comment, dans le monde soviétique et post-soviétique, les datchas et les potagers peuvent constituer des lieux par lesquels la mémoire familiale est transmise. L’analyse approfondie d’une histoire singulière, celle du patriarche tatar Pavel Ivanovitch, est à ce titre exemplaire. Le potager, mémoire d’une terre nourricière, a permis à sa famille de surmonter la collectivisation et la grande guerre patriotique. Il est le lieu à partir duquel cette famille, brimée par les autorités bolcheviques, a su se réinventer un rang et comme tel il symbolise alors la transmission de la mémoire familiale. Mais cette transmission peut se révéler parfois difficile : en effet le potager exige que l’on s’en occupe, ce qui n’est pas nécessairement le désir de certains membres de la famille dont les réactions individualistes de refus peuvent menacer la cohésion du groupe. Ainsi, l’héritage peut être complètement rejeté par les descendants ; ou alors le da?nik, ayant une image indigne de lui-même – car liée à un monde en train de disparaître –, peut renoncer à transmettre sa passion pour la datcha.
Mots-clés
- Biélorussie
- potagers
- datchas
- famille
- mémoire