Les communautés andines de la région d’Apurimac célèbrent chaque année une corrida au cours de laquelle les paysans affrontent un taureau sur lequel est fixé un condor. Cette chimère a donné lieu à une interprétation indigéniste diffusée aujourd’hui au niveau international : cette cérémonie représenterait la lutte de l’Inca symbolisé par le condor contre le colonisateur espagnol figuré par le taureau. On démonte ici les ressorts de cette narrative en la confrontant à l’exégèse indigène au fondement sacrificiel. L’analyse montre ainsi le processus d’invention incaïsée de la tradition dont il s’agit de nier l’autochtonie. Elle montre aussi une controverse dont l’enjeu est de désindianiser des rituels pour les rendre présentables.