Héloïse et Werther, Sturm und Drang : comment la tempête, en entrant dans nos cœurs, nous a donné le monde

Par Anouchka Vasak
Français

Résumé

Sans négliger la possibilité de considérer la littérature comme une source d’information météorologique, c’est comme révélateur anthropologique qu’elle est appréhendée ici, à travers deux romans majeurs de la littérature européenne, La Nouvelle Héloïse de Rousseau et Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. Le propos est de prendre à la lettre (et un peu avant la lettre pour Rousseau) l’expression Sturm und Drang (tempête et assaut), nom donné au premier romantisme allemand. On tente de montrer comment, à partir de la tempête sur le lac de La Nouvelle Héloïse (le « séchard » du Léman), de la tempête (Sturm) et de l’orage (Gewitter) de Werther, la tempête extérieure est intériorisée comme métaphore de la passion et, plus généralement, de l’instabilité douloureuse de la condition humaine. On voit pourtant dans cette crise qui révèle à l’homme sa solitude l’occasion de fonder un espace qui lui revient en propre, la terre, espace dont il est désormais, en l’absence de recours à la transcendance, l’unique responsable.

Mots-clés

  • tempête
  • orage
  • Sturm und Drang
  • subjectivité
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