Suer
Résumé
Le culte du corps contemporain associé à la reconnaissance des bienfaits de l’activité physique a désenclavé les humeurs corporelles et valorisé ainsi la sueur comme manifestation du travail sur soi. Toutefois, si la sueur a bien une place dans les pratiques d’entretien du corps et les sports, elle reste menaçante. L’odeur et les traces de transpiration sont non seulement jugées incommodantes et malpropres, mais elles font souvent l’objet de dégoût. Partant d’une enquête ethnographique dans plusieurs salles de sport, de danse et dans des clubs de remise en forme, cet article envisage la question du dégoût de la sueur et de son procès. L’observation des pratiques physiques et sportives montre que la sueur fait l’objet d’un traitement et d’un effacement spécifiques. La présence de la sueur n’y est pas une manifestation anodine, mais elle implique au contraire un traitement pratique et symbolique qui vise à la neutraliser. On met ainsi en lumière la présence d’un dispositif social visant à éviter l’irruption du dégoût. Apparaît alors l’importance des différences sociales et des différences de genre dans le dégoût de la sueur. La transpiration et ses odeurs, aujourd’hui comme hier, revêtent un caractère essentiel de distinction dans les relations sociales.
Mots-clés
- corps
- sport
- différences sociales
- sueur
- dégoût