Cet article aborde la question du dégoût à partir de l’expérience de professionnels en contact avec des excréments humains et/ou des corps morts. Comment ces travailleurs font-ils face au dégoût ? Il s’agit aussi bien du dégoût qu’ils éprouvent que de celui que manifeste la société environnante à l’égard de leurs activités. Comment le dégoût sous ses formes diverses intervient-il au niveau des dispositifs techniques, des gestes et des représentations qui à la fois accompagnent et organisent les activités ? Cet affect – dans la mesure où s’y articulent des dimensions physiologiques, psychologiques et sociologiques – soulève parmi les travailleurs des questions profondes et complexes concernant l’acceptation du travail et la marge de manœuvre dont ils disposent vis-à-vis des logiques sociales.