Quand les « spécimens » d’anthropologie physique redeviennent ancêtres

Les matériaux ethnographiques portant sur les populations autochtones de l’Afrique australe à l’ère de la science ouverte
Par Damiana Otoiu
Français

Les collections de restes ancestraux des populations autochtones de l’Afrique australe gardées dans les musées et les instituts de recherche ou laboratoires universitaires semblent être l’exemple par excellence de collection anthropologique « problématique », pour laquelle « undoing Empire » [Rassool, 2015b] préconise une restitution aux descendants contemporains. Mais cette restitution n’occasionne pas uniquement un « simple » ré-enterrement des restes, mais aussi un dialogue avec les descendants autour du statut des matériaux ethnographiques bruts des anthropologues ayant étudié les populations autochtones Khoe-khoe et San : carnets de terrain, fiches d’inventaire, photographies, moulages en plâtre, enregistrements sonores, ainsi qu’autour des recherches menées actuellement (ou dans le futur) sur ces collections. En me focalisant sur quelques études de cas sud-africaines, je montre que les concertations autour des collections et des savoirs résultant de l’analyse de ces collections opposent de multiples acteurs et logiques, locales, nationales et transnationales, qui vont bien au-delà de l’opposition simplificatrice « scientifiques » vs « populations descendantes ». Les différents acteurs et logiques sont souvent contradictoires, mais il faut en tenir compte au moment de la création des bases de données et des infrastructures numériques partagées pour qu’on puisse remettre en cause (au lieu de les consolider) « les archives coloniales et leurs modes d’administration de la preuve » [Lalu, 2009].

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  • Populations autochtones (Khoe-khoe et San)
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