Appel à contributions n°2

Les pratiques esthétiques

Apprentissage, transmission, socialité

 

 

 

Coordination

 Eva Carpigo, anthropologue, chercheuse associée au Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles (UMR7069 - LinCS), Université de Strasbourg

Helena Prado, anthropologue, maître de conférences contractuelle à l’Université de Strasbourg, Institut d’ethnologie, Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles (UMR7069 – LinCS)

Argumentaire

Présentes dans toute société humaine connue depuis la préhistoire[1] (Taborin, 2004), les pratiques esthétiques n’ont de cesse de susciter l'intérêt des sciences humaines et sociales[2]. Qu’entendons-nous par « pratiques esthétiques » dans le présent appel à contributions ? Toutes les opérations sur le corps humain qui engagent l’apparence et visent à la modifier ou, au contraire, à la maintenir en l’état : forme, volume, aspect, odeur, consistance, texture, aspérité, couleur. L’anthropologue Francesco Remotti a par exemple répertorié vingt-trois catégories d’interventions sur le corps qui ont une répercussion sur l’apparence corporelle et sur la présentation de soi en société, auxquelles nous pouvons faire référence : objets externes, toilette, parfum, cosmétique et peintures corporelles, modelage des annexes de la peau (poils, ongles, cheveux), modelage de la structure musculaire, modelage de la structure des os depuis l'extérieur, modelage du comportement, modelage de la voix, tatouages, scarifications, brûlures et marquage de la peau, perforation et insertion des objets externes, taillage des dents, amputations, chirurgie génitale, chirurgie esthétique moderne, alimentation et régimes, interventions chimiques et hormonales, interventions en vue de la mort, traitement du cadavre, production et traitement des restes humains, dissolution (Remotti, 2013 : 85). Ces interventions peuvent être réalisées dans un cadre quotidien ou ponctuel (événements) (Gélard, 2008 ; Faivre 1989).

Les débats contemporains autour des pratiques esthétiques se concentrent essentiellement sur les enjeux politiques autour des normes esthétiques, et sur les injonctions sociales liés au paraître et à l’embellissement[3]  notamment pour les femmes (Bartky, 1982, 1990; Morgan, 1991 ; Remaury, 2000 ; Bordo, 2003 ; Muñiz, 2010, 2011, 2012 ; Rodriguez-Cabrera et al. 2015 ; Amadieu, 2016 ; voir aussi dans la littérature grand public : Wolf, 2002 ; Chollet, 2012). Ces pratiques seraient une forme d’aliénation à dénoncer et combattre (Lipovetsky, 1997 ; Sullivan, 2001 ; Jeffreys, 2005 ; Elliott et Lemert, 2006 ; Lash, 2008 ; Gotman, 2016). L’embellissement dans les sociétés urbaines contemporaines est envisagé par certains auteurs comme une contrainte de consommation dont la satisfaction serait impossible à atteindre. Certains chercheurs critiques vont jusqu’à dénoncer le caractère discriminatoire (Rhode, 2009), nuisible et misogyne (Pitts-Taylor, 2003, 2007 ;), voire raciste (Muñiz, 2013), des pratiques esthétiques – pourtant volontaires. Parmi ces auteurs, quelques-uns laissent entendre que la démarche de prendre soin de son apparence serait pathologique, car signe de narcissisme exacerbé ou de dysmorphophobie.

Au contraire, l’approche anthropologique permet d’envisager l’investissement de l’apparence corporelle comme un objet de recherche complexe, riche de significations (Blanchard et al., 2008 ; Boëtsch et al., 2010 ; Bromberger, 2010 ; Müller, 2013) et de valeurs symboliques (Héritier, 2003 ; Laurent, 2010 ; Remotti, 2002, 2003a, 2003b, 2006, 2013, 2018)[4]. Le travail de l’apparence, qui participe d’une mise en scène de soi en société (Goffman, 1973)  souligne une appartenance ou une affiliation à différents groupes sociaux (De Fontanès et Delaporte, 1981 ; Boëtsch et Chevé, 2002, Edmonds, 2009, 2010 ; Taussig, 2012 ; Holliday and Elfving-Kwan 2012 ; Holliday et al., 2017 ; Desjeux, 2018 ; Desjeux et Xiaomin, 2020 ; Puig, 2021) ou bien, il indique, plus largement, une adhésion des groupes à certaines valeurs partagées (Bartholeyns, 2011 ; Descola, 2021). Nous pouvons donc étudier ces particularismes grâce à l’étude de l’inscription sociale et culturelle des pratiques esthétiques.

C’est le propre de l’anthropologie que de se questionner autour du sens émique des pratiques. Au vu de l’importance évidente qu’assume le travail de l’apparence pour les sociétés – avec un considérable investissement de temps, argent et ressources – il est crucial de s’interroger autour des bienfaits et des avantages supposés que ces pratiques confèrent aux individus et aux groupes. Dans cette perspective, les pratiques esthétiques peuvent révéler l’expérience esthétique des acteurs (Gimlin, 2012), le caractère performatif de ces pratiques (Carpigo, 2018b), l’expression d’une sororité féministe (Martin, 2014), des formes de résilience, de réinvention, d’intégration, de résistance politique ou de négociation de normes (Parker, 2010), mais aussi des possibilités de mobilité sociale, de sociabilité et d’agentivité (Faivre, 1998 ; Liotard, 2016 ; Deshoullière et Dziubinska, 2017 ; Davis, 1994, 1997, 2007 ; Silhouette-Dercourt, 2017 ; Prado, 2018).

L’exhibition publique du corps se couple toujours à des échanges, des transmissions et des expérimentations faites auparavant dans l’intimité, avec des proches, des pairs ou des opérateurs de beauté[5]. Ces dimensions de transmission, partage, invention et expérimentation esthétique nous intéressent tout particulièrement. Celles-ci, loin d’être réduites à l’expérience de la douleur physique liée aux transformations de la chair ou l’apposition d’orthèses, révèlent fréquemment un certain plaisir, voire un amusement, liés à la création de nouvelles interfaces esthétiques et aux circulations sociales qu’elles permettent.

Dans cette perspective, qu’ils soient producteurs d’esthétiques conformistes ou subversives, les choix esthétiques sont toujours imprégnés d’une matrice de sens (Le Breton, 1991, 2013; Héritier, 2006 ; Héritier et Xanthakou, 2004)

 

Objectifs du numéro

Comprendre et dévoiler les significations investies par les personnes dans les pratiques esthétiques, tels sont les principaux objectifs de ce numéro. Nous nous intéressons aux coulisses des partages symboliques et sociaux inhérents aux parcours d’investissement esthétique des corps. Par-là, nous interrogeons les dynamiques de renforcement du lien social qui se joueraient grâce à la participation (apprentissage, transmission, enseignement, expérimentation, exécution, échanges) au travail et aux jeux de l’apparence.

Dans quels contextes les pratiques esthétiques sont-elles une ressource sollicitée par les individus, les groupes et les peuples pour mieux vivre ? Dans quelles circonstances les choix esthétiques peuvent-ils aider les individus à s’adapter aux relations sociales et s’intégrer en société ? À quelles occasions l’esthétisation du corps favorise des processus d’ancrage et de négociations identitaires ?

Nous favorisons les contributions qui font émerger les significations émiques autour des pratiques corporelles esthétiques, à partir de l’observation directe sur le terrain. Nous invitons les auteur.e.s à porter un intérêt particulier sur les relations privilégiées et les moments de partage qui s’instaurent entre les personnes qui participent d’une technique esthétique (qu’ils soient des opérateurs de beauté ou bien des receveurs) mais également sur les effets socialisants ou re-socialisants(réinsertion, réintégration sociale, sentiment de mieux être) inhérents à ces processus esthétiques.

Cet appel s’adresse particulièrement aux ethnologues et aux anthropologues, quelles que soient les populations et sociétés étudiées, mais s’élargit à toutes les recherches en SHS qui s’ancrent sur un terrain approfondi dont la méthodologie sera efficacement explicitée. Afin de faciliter la tâche de l’écriture pour les auteurs nous proposons différentes entrées thématiques pour orienter plus facilement la structuration du numéro.

Axes thématiques

  1. Transmission des techniques et échanges autour de l’esthétique. À l’instar des autres techniques, les pratiques esthétiques sont réalisées suivant des chaînes opératoires, par une succession d’étapes et dans des processus parfois longs avec le but d’obtenir un résultat donné. Dès la planification de la modification, la recherche des bons ingrédients ou matériaux, à l’échange et au commerce de ces derniers entre groupes, à l’exécution des pratiques de modification de l’apparence, en quoi ces moments et parcours partagés constituent l’établissement de liens privilégiés entre les différents acteurs concernés ? Comment se configurent les apprentissages et la transmission des techniques de l’apparence, au prisme des différents contextes socio-culturels, de la diversité des acteurs (âges, sexes, origines) et des nouvelles configurations biographiques mais aussi historiques, sociales, économiques ? Quels liens sociaux se créent ou se renforcent grâce aux partages liés aux pratiques esthétiques ?

  1. Traditions et bricolages esthétiques. La transmission de ces techniques et savoir-faire peut s’inscrire dans des dynamiques de compagnonnage (Adell, 2020), répondant donc d’une répétition de certains critères considérés comme « beaux », ainsi que le respect d’un style et d’un savoir-faire particulier hérité d’une tradition. D’autres fois, le travail de l’apparence se fait de manière plus créative et parfois tâtonnante. L’individu ou les groupes prennent l’initiative d’expérimenter, d’essayer différents styles et techniques, en somme de « bricoler ». Ce processus dynamique, parsemé d'essais et d’erreurs, réfléchit d’une créativité des acteurs et des groupes. Comment interroger la dimension de l’héritage d’un style esthétique ou d’une technique, l’articulant avec la créativité dont font preuve les individus et les groupes ? Quelle analyse pouvons-nous développer autour de l’évolution, de l’adaptation et de la mutation des critères et des techniques esthétiques, en fonction des réinterprétations, des métissages, des hybridations ou du bricolage créatif ?

 

  1. Contextes et socialités autour du travail de l’apparence. Le partage de techniques esthétiques permet de nouvelles socialités et l’établissement de liens. Il s’opère dans les contextes familiaux, professionnels, amicaux, entre pairs ou en ligne. Nous pouvons analyser ces multiples contextes par leurs différentes significations. Par exemple, le partage d’une recette cosmétique de « grand-mère », « traditionnelle » ou « ancestrale » paraît chargée de symbolisme, d’affect mais aussi d’une dimension culturelle importante. Dans un autre contexte, virtuel, les « Youtubeurs.ses beauté » ont bâti des véritables entreprises fleurissantes et crée des communautés virtuelles grâce aux partages de tutoriels make-up ou style sur internet. Les membres de ces « communautés » créent et entretiennent des liens sur la base de leurs pratiques esthétiques ; ils peuvent échanger et se rencontrer en ligne (forums, réseaux) ou dans des meetings. Peut-on comparer les contextes des partages esthétiques, en saisir leurs particularités ou bien leurs similarités ? Quels enjeux sont liés à la naissance de groupes et de « communautés » autour du travail esthétique des corps ?

  1. Partages engagés, militants, artistiques. L'adhésion ou l’abandon d’une pratique esthétique peuvent être des facteurs qui fédèrent les individus (usagers ou opérateurs de beauté) dans des associations ou des collectifs plus formels. Par exemple, l’association des patients « ratés ou réussites » de la chirurgie esthétique[6], le mouvement nappy (natural happy) qui prône l’abandon du défrisage pour un « retour au naturel » des cheveux afro, etc. Parfois ces partages sont motivés par des choix d’engagements éthiques ou militants, comme les collectifs zéro déchet, la slow cosmétique, le Do-It-Yourself, les cosmétiques bio ou vegan (non testés sur les animaux et sans produits d’origine animale), le made in France ou l’inclusion de la diversité des publics (différents types et couleurs de peaux, de cheveux, etc.). Comment un engagement social s’exprime-t-il à travers les choix esthétiques du quotidien ? Quelles valeurs transmet-on, lorsque l’on enseigne à prendre soin de son apparence ? Comment interroger ces nouveaux militantismes corporels et les liens sociaux qu’en découlent ?

 

  1. Tourisme esthétique, circulation de biens et personnes. Le travail de l’apparence implique l’échange de matières premières, d’accessoires ou de services qui s’insèrent dans un réseau commercial national (interrégional) mais aussi mondial. Que ce soit le commerce de cosmétiques ou de vêtements et accessoires, la pose de facettes dentaires, la chirurgie esthétique, la chirurgie d’implants capillaires, cette circulation de techniques et de produits cosmétiques ou de mode se produit en même temps qu’une circulation de personnes dans le cadre d’un « tourisme esthétique » de plus en plus important. Comment envisager ces nouveaux réseaux d’échanges – de consommation mais aussi de formations et d’apprentissages – transnationaux autour de l’esthétique ? Quelles nouvelles socialités et quels avantages confère la consommation mondialisée de produits et services liés à l’apparence ?

Les contributions peuvent se situer au croisement de l’analyse des catégories de genre, classe, religion, nationalité, culture, âge, « race », etc. En dernier lieu, nous encourageons les auteur.e.s à réfléchir autour des évolutions et adaptations de ces « socialités esthétiques » au prisme de certains bouleversements sociétaux majeurs ou des formes de « résistance » sociale (e.g. conflits armés, contextes migratoires, pandémie de la COVID-19, crises humanitaires).

 

Instructions et calendrier

Les propositions de contributions (titre et résumé de 4.000 à 6.000 signes, références bibliographiques incluses, en français ou en anglais) sont attendues pour le 25 juin 2022. Elles mentionneront les principaux axes de démonstration ainsi que le matériau (enquêtes et/ou archives) mobilisé et seront assorties d’une notice bio-bibliographique de l’auteur.

Elles doivent être envoyées aux coordinatrices du dossier : Eva Carpigo (ecarpigo@gmail.com) et Helena Prado (helenamprado@gmail.com).

La sélection des propositions sera transmise aux auteur.e.s courant début juillet 2022.
Les textes définitifs (de 35.000 à 70.000 signes max., espaces et bibliographie compris) devront être envoyés avant le 31 octobre 2022.

La publication de ce numéro d’Ethnologie française est prévue pour l'automne 2023.
La mise en forme des articles retenus s’appuiera sur la note aux auteurs de la revue : http://ethnologie-francaise.fr/proposer-un-varia/

 

Références bibliographiques

Adell, Nicolas, 2020. « Gestes techniques et savoir-faire » in Prototypes. Catalogue d’exposition, Paris, CNAM : 58-60.

Amadieu Jean-François, 2016, La société du paraître. Les beaux, les jeunes… et les autres, Paris, Odile Jacob.

Bartalesi Lorenzo, 2012, Estetica evoluzionistica. Darwin e l’origine del senso estetico, Roma, Carocci.

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Boëtsch Gilles et Dominique Chevé, 2002. Le corps dans tous ses états. Regards anthropologiques, Paris, CNRS Editions.

Boëtsch Gilles, Dominique Chevé et Helène Claudot-Hawad, 2010. Décors des corps, Paris, CNRS Editions.

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Lipovetsky Gilles, 1997. La troisième femme. Permanence et révolution du féminin, Paris, Gallimard.

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Rodriguez-Cabrera Verónica, Elsa Muñiz et Mauricio List (dir.), 2015, Prácticas corporales en la búsqueda de la belleza, Mexico, La Cifra editorial.

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Taborin Yvette, 2004. Langage sans parole : La parure aux temps préhistoriques, Paris, La maison des roches.

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Cahiers de l’Observatoire Nivea (https://data.bnf.fr/15926741/observatoire_nivea/)

[1]  Les archéologues les interprètent comme un indice du développement de la pensée symbolique pour les hominidés.

[2] Cette récente vigueur s’observe, en Europe, essentiellement au travers des réseaux universitaires « Beauty Demands » (Birmingham, Angleterre), « Corps et Beauté » (France), « Politics of beauty » (Cambridge, Angleterre), « Beauty and the norm » (Bayreuth, Allemagne) et « Corps meurtris, beaux et subversifs » (France). Des entreprises de cosmétiques ont fait office de mécènes finançant des initiatives tel l’Observatoire Nivea et la « Chaire Beauté(s) » (L'Oréal, l’université PSL).

[3] Il nous semble nécessaire de solliciter avec précaution le concept d’embellissement, car il s’agit d’une notion toujours relative aux représentations des interlocuteurs. Les chercheurs l’analysent parfois comme une « promesse d’amélioration » ou encore comme une recherche d’ « optimisation » de soi (Dalgalarrondo et Fournier, 2019).

[4] La revue Ethnologie Française a consacré par le passé deux numéros aux langages et images du corps, appréhendés de façon globale (1976) et à l’apparence physique comme réalité sociale (1989). Plus généralement, le champ académique a vu apparaître des publications interdisciplinaires autour des modifications de l’apparence à visée esthétique (Czechowski et Nahoum-Grappe, 1987 ; Bartholeyns, 2011 ; Carpigo, 2018a, 2018b ; Jarrin et Pussetti, 2021), lesquelles témoignent de terrains et d’approches théoriques multiples autour de la critique des concepts d’apparence, de biopolitique, de cosmétique, de capital corporel, ou encore de performance. S’inspirant des recherches anthropologiques, certains poussent la réflexion sur l’esthétisation de soi et le développement d’un « sens esthétique » comme un comportement culturel commun à plusieurs espèces animales et pas seulement aux humains (Bartalesi, 2012, 2015, 2017).

[5] Par « opérateurs de beauté » nous entendons tout professionnel ou non professionnel reconnu, dans un contexte donné, comme un expert dans le travail de l’apparence corporelle et la mise en beauté du corps.

[6] L’ARCHES (Association des Ratés et réussites de la Chirurgie Esthétique) http://assoarches.com

AAC Ethnologie Française - Pratiques esthétiques